C’est un fait : il y a de moins en moins d’introductions en bourse. Il y a en eu une au début du mois de mai en Espagne et il y a quelques semaines de cela le fournisseur de logiciel Planisware (+7% depuis son début de cotation) à Paris. Mais à part cela, il n’y a pas grand-chose. Le marché des capitaux ne semble plus intéresser les entreprises.

 

Faites une pause, c’est l’heure de l’édito de la CentaureNews !

 

L'édito Centaure Investissements par Christopher Dembik

 

Pour être heureux, vivons privé !

 

Surtout, le profil des entreprises cotées a fortement changé. Les rares introductions en bourse concernent des petites valorisations, au maximum à 5 voire 6 milliards d’euros. C’est peu. Les grandes entreprises ne semblent plus voir l’intérêt de la bourse. Des géants comme SpaceX, ou encore Stripe dans les paiements, qui pèsent plusieurs dizaines voire centaines de milliards n’ont clairement pas envie de choisir le marché des capitaux. Même chose pour le segment tendance du moment, l’intelligence artificielle. OpenAI, qui possède ChatGPT et est très bien positionné sur l’IA générative, ne veut pas aller en bourse. Mistral AI n’a certainement pas l’intention d’y aller non plus. On a presque l’impression que pour les entreprises le nouveau dicton c’est pour être heureux, vivons privé. Il y a pourtant quelques années de cela, la sortie évidente pour les fonds d’investissement et les fondateurs était la bourse. Ce n’est plus évident de nos jours.

 

Trois raisons

 

Comment comprendre cette réticence alors que les niveaux de valorisation sont souvent intéressants, en particulier pour tout ce qui touche à l’innovation et aux nouvelles technologies ?

Il y a trois raisons principales qui expliquent le désamour pour la bourse.

1/ le private equity a pris une place énorme dans le paysage d’investissement. Les entreprises n’ont plus besoin d’aller chercher des capitaux à l’extérieur, en bourse, pour se financer. Elles peuvent compter sur les fonds de private equity qui ont du cash…beaucoup de cash. Au niveau mondial, il y a 8200 milliards de dollars dans ces fonds – c’est un doublement par deux depuis 2018 si on enjambe la pandémie.

2/ la vitesse de rotation des capitaux a diminué. Les taux sont à 5% aux Etats-Unis et presque à des niveaux similaires en zone euro. Si vous avez du cash (et les entreprises en ont beaucoup) et du temps, vous n’avez pas besoin de vous précipiter en bourse qui était la porte de sortie usuelle par le passé.

 

La réglementation financière et climatique effraie beaucoup d’entreprises

 

3/ on met souvent en avant l’impact de la réglementation financière et climatique qui effraie beaucoup d’entreprises. On ne peut pas nier que ce soit parfois le cas. Mais ce n’est certainement pas la raison principale. Le problème, c’est la transparence. Les entreprises qui ambitionnent d’être en bourse doivent évaluer l’intégralité de leurs avoirs. Faire la transparence sur ses avoirs immobiliers, c’est plutôt facile et on ne dévoile aucune information stratégique à ses concurrents. C’est plus compliqué quand on est dans l’immatériel. Force est de constater que c’est le domaine dans lequel les entreprises investissent le plus (logiciels, par exemple). Jouer la carte de la transparence pour des investissements dans les algorithmes et les logiciels, c’est un exercice plus compliqué (valoriser l’immatériel est toujours un casse-tête) et surtout cela conduit à fournir des informations cruciales à ses concurrents. Comment valoriser de manière réaliste un algorithme IA ? Il n’y a pas de bonnes méthodes. C’est aussi pour cela que beaucoup d’entreprises des secteurs innovants optent pour l’entre soi du capital privé.

Beaucoup d’entreprises de type ETI regrettent d’ailleurs d’être allées sur le marché des capitaux. C’est le cas de la pépite Believe, qui cherche à sortir de la Bourse de Paris. Son management a pointé du doigt le problème de liquidité qui existe en bourse et la faiblesse de la profondeur du marché. Rien de très nouveau. Mais cela semble s’aggraver ces dernières années.

 

Des problèmes

 

L’essor du private equity n’est pas nécessairement négatif. Cela pose toutefois quelques problèmes. Moins de transparence est souvent synonyme de risque caché. C’est bien cela le souci, surtout lorsqu’on a des acteurs qui deviennent de plus en plus gros, de plus en plus importants et qui ne sont pas régulés. Si le private equity continue sur sa lancée, ce qui est probable, à un certain stade cela pourrait poser un problème systémique (plus du côté américain que du côté européen). Enfin, même si les Français sont peu friands d’investissements en bourse, la réalité, c’est que c’est accessible à tout un chacun – avec son PEA, avec des ETFs, via des fonds actions etc. Et cela ne nécessite pas nécessairement un investissement initial important. Le private equity est beaucoup moins accessible. Depuis quelques années, on voit de nouveaux acteurs offrir des offres plus grand public, comme Pictet ou Altaroc. Ces initiatives sont bienvenues…mais encore rares. Cela reste une classe d’investissement méconnue du grand public et c’est dommage.

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