L’édito de ce mois d’avril a été écrit le 8 avril, soit bien en amont de cette fameuse date du 26 avril. La chose semblait entendue ! La note allait baisser … Et pourtant !

 

Remontons le temps jusqu’au 8 avril :

 

Notez bien cette date dans votre agenda : le 26 avril, les agences de notation Moody’s et Fitch doivent rendre leur verdict sur la note de crédit de la France. Chez Moody’s, la note française est à Aa2 et c’est Fitch elle est à AA-. Même si ce n’est pas le triple A – qui est le graal – c’est une note tout à fait honorable. Néanmoins, elle ne devrait pas rester à ce niveau encore pendant longtemps. Avec un déficit qui s’est envolé à 5,5% du PIB en 2023 et qui n’a strictement aucune chance de renouer avec la cible de 3% en 2027, à moins de passer par une sévère cure d’austérité, la sanction paraît inévitable : la note de la France va être abaissée.

 

L'édito Centaure Investissements par Christopher Dembik

Fausse alerte sur la dette française

 

Est-ce grave docteur ?

 

Du point de vue des marchés financiers, non. On va beaucoup en entendre parler dans les médias. Mais l’impact sur le coût de la dette française devrait être finalement faible. Cela s’explique par le « privilège exorbitant » dont bénéficie notre dette.

 

Explication.

 

Les OATs de la France sont de facto l’actif de réserve pour la zone euro puisqu’il n’y a tout simplement pas suffisamment d’obligations souveraines allemandes (Bunds) pour répondre à la demande des acheteurs institutionnels. L’Allemagne investit peu, donc elle emprunte peu. CQFD. Pour 2024, le programme d’émission de notre voisin est de seulement 76 milliards d’euros – soit presque quatre fois moins que la France (285 milliards d’euros). Finalement, notre beau pays bénéficie d’un dysfonctionnement structurel du marché obligataire de la zone euro, à savoir la faiblesse des émissions allemandes. Ce n’est pas près de changer.

Il y a un autre paramètre à prendre en compte. Pour un investisseur extra-européen, la dette française est attrayante. Depuis des années, les OAT hedgés (avec couverture du risque de change) constituent une source de rendement stable et importante pour les institutionnels japonais qui figurent parmi les principaux acheteurs étrangers. On retrouve en haut du classement le fonds d’investissement des retraites japonais – qui est l’équivalent du fonds souverain – et des banques comme Post Bank, une entité détenue en majorité par l’État japonais. La dégradation prévisible de la note de la France ne va rien changer à cette situation.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas faire des efforts : mieux maîtriser la dépense publique, se focaliser sur l’efficacité de la dette publique, chercher à relancer la création de richesse en baissant les prélèvements obligatoires etc. Tout cela est nécessaire. C’est un débat qui doit avoir lieu. En revanche, cela ne sert à rien d’avoir un discours alarmiste. En 2014, l’ex-ministre du Budget et actuelle présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, avait estimé que la France risquait de se trouver « quasiment en cessation de paiement » si les taux d’intérêt venaient « par malchance » à augmenter. De tels propos n’ont pas résisté à la réalité …

 

Mais finalement après le 26 avril …

 

La France continue de bénéficier d’une note favorable par les grandes agences de notation, telles que Fitch et Moody’s, malgré de sévères critiques concernant la gestion des finances publiques.

 

Les résultats surprenants de Fitch et Moody’s

 

Bien que les rapports des agences de notation Fitch et Moody’s sur la dette française soient alarmants, pointant du doigt l’absence de crédibilité des projections économiques et le manque d’efforts pour réduire les dépenses publiques, la France conserve une note élevée de bon élève. Cette notation semble en décalage avec la réalité financière du pays.

 

La question de la probabilité de défaut

 

Les agences de notation évaluent principalement la probabilité d’un défaut de paiement par la France. Malgré les défis économiques, elles estiment que le risque de défaut reste extrêmement faible, ce qui explique le maintien d’une note élevée. Et l’un des facteurs clés est l’épargne massive des ménages français. De ce fait, avec environ 13 000 milliards d’euros d’épargne totale, dont 6 000 milliards en épargne financière, les ménages français offrent une garantie solide contre les risques de défaut sur la dette publique.

Par ailleurs, en plus de l’épargne domestique, la France bénéficie du soutien de pays voisins comme l’Allemagne et d’autres pays de la zone euro, souvent appelés les pays « frugaux ». Cette protection externe renforce la position de la France et diminue le risque perçu de défaut.

 

Conséquences de l’immunité Française : l’absence d’incitation aux réformes nécessaires

 

Cette situation d’immunité financière, bien qu’avantageuse à court terme, peut décourager les réformes économiques nécessaires pour une gestion plus saine et durable des finances publiques. La France semble pouvoir continuer ses dépenses sans conséquences immédiates, en partie grâce à la couverture de l’épargne de ses citoyens et au soutien de ses partenaires européens.

En conclusion, nous attendons la prochaine évaluation de Standard and Poor’s alors que la France semble naviguer dans des eaux tranquilles, soutenue par l’épargne robuste de ses citoyens et par le soutien solide de ses voisins européens. Toutefois, cette tranquillité pourrait s’avérer illusoire à moyen terme si la France persiste à esquiver les réformes financières cruciales. En effet, le véritable courage politique sera nécessaire pour instaurer des changements essentiels, sans quoi le pays pourrait se diriger vers des défis économiques plus complexes.

 

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