Faites une pause, c’est l’édito de la CentaureNews
Quelles sont les raisons du succès ?
Certains facteurs sont propres à l’Europe :
- La baisse rapide des taux par la Banque Centrale Européenne (BCE) jusqu’à 2% – qui devrait être le taux terminal. Une économie bien irriguée en crédit bénéficie en général aux actions, même si ce n’est pas suffisant.
- La rotation de début d’année des actions américaines, jugées trop chères, vers d’autres cieux plus cléments et offrant des valorisations plus attrayantes. Cela a avantagé l’Allemagne du fait de la profondeur de sa bourse, des grandes valeurs internationales qui y sont cotées, et de la stabilité politique allemande qui est toujours un facteur rassurant pour les investisseurs.
- Se sont ajoutés à cela les espoirs très éphémères de résolution du conflit en Ukraine en février/mars. Cela avait amplifié la rotation vers les actions européennes.
Mais il y a évidemment d’autres raisons qui expliquent la performance du DAX.
Quelques gagnants, beaucoup de perdants
En regardant dans le détail, la hausse du Dax est très concentrée autour de quelques secteurs, quelques entreprises. Ce n’est en rien surprenant. On observe un phénomène similaire sur quasiment tous les marchés, aux États-Unis en particulier et même sur le segment des petites valeurs en France où le rebond spectaculaire de 2025 – +52% – est seulement lié à une poignée d’entreprises dans les biotechs et la robotique maritime.
Commençons par les perdants, en particulier le secteur automobile allemand. Il continue de souffrir d’un surplus de réglementation verte en Europe et surtout de la concurrence des constructeurs chinois comme BYD qui ont réussi l’exploit de se positionner sur du haut de gamme à prix abordable et inondent désormais le marché européen. Ajoutons à cela les droits de douane américains qui ont directement pénalisé le secteur. Porsche est ainsi en repli de -29% depuis le début d’année. Daimler Trucks, l’un des plus grands acteurs de l’industrie du transport, sauve les meubles avec seulement -6,8% sur la même période.
Les acteurs de la vente au détail sont aussi à la traîne : -20% pour Adidas, et -18,8% pour Zalando.
La hausse du Dax s’explique en fait par trois secteurs : les énergies renouvelables, avec Siemens Energy qui a bondi de +112% depuis janvier, le secteur de la défense et celui des banques. Le secteur bancaire allemand est un peu moins attractif que celui de l’Espagne et de l’Allemagne, selon nous. Les ROI sont moins élevés et les coefficients d’exploitation plus hauts. Mais il continue d’afficher une hausse boursière constante depuis des années. Prenons Commerzbank, son action affiche +97% depuis le début d’année. Mais le vrai facteur différenciant, ce fut la défense. L’Europe se réarme.
Certes, en grande partie, cela va bénéficier aux entreprises américaines. Mais il y aura aussi quelques pépites européennes qui vont tirer leur épingle du jeu comme Rheinmetall, le géant de l’industrie de la défense, dont l’action affiche une hausse de +206%. Spectaculaire. Bien-sûr, il y aura une phase de consolidation. C’est inévitable après un tel parcours boursier. Le secteur reste cependant attractif à long terme et on constate au niveau des flux que les investisseurs continuent de s’y intéresser. Tout cela a créé un cocktail parfait pour les actions allemandes et le DAX. Celui-ci évolue actuellement proche des 24,300 points. Il a toutes les chances de monter à court terme jusqu’aux 25,000 points – un niveau qui fait office de résistance du marché. Cela signifie que ce sera peut-être un peu compliqué à franchir.
Quid du plan de relance allemand de 1,000 milliards d’euros ?
Son impact positif sur la croissance allemande va tarder à se matérialiser, et donc potentiellement à bénéficier à l’économie française. On sait que l’imbrication des deux économies est telle, qu’une relance en Allemagne irrigue aussi l’économie française, vice et versa. Historiquement, l’Allemagne est douée pour annoncer des plans à plusieurs milliards d’euros. En revanche, elle a plus de mal à les mettre en œuvre. L’exécution est tardive et souvent maladroite. Nous estimons que les gains de croissance ne pourraient commencer à être perceptible qu’en 2027 contre des anticipations initiales dès cette année. C’est un peu tard.
Il y a toutefois une bonne nouvelle. Presque la moitié du plan devra être orienté vers les investissements en infrastructure, donc cela risque d’être un nouveau facteur de soutien pour les entreprises cotées des secteurs de la construction. Une autre raison de ne pas uniquement regarder la bourse américaine, mais aussi de voir le potentiel qui existe juste à côté de chez nous.
