L’IA a (toujours) le vent en poupe
La loi de Huang
Patatras, voilà que le géant américain de l’IA Nvidia arrive ! Il chamboule tout et écrase toute forme de concurrence sur son passage. On explose les ordres de grandeur. Entre 2016 et aujourd’hui – en seulement huit ans – la capacité des puces de Nvidia a été multipliée…par 1000 ! Plus vite, plus efficace, et surtout moins énergivore.
La petite dernière de Nvidia, la puce Blackwell, consomme beaucoup moins d’énergie pour entraîner les IA (la consommation énergétique a souvent été perçue comme un frein initial à l’adoption de l’IA). Sa consommation est de seulement 4 mégawatts – soit l’équivalent de la consommation annuelle moyenne d’un foyer français – contre 15 mégawatts pour ChatGPT, par exemple.
La loi de Moore n’est plus, vive la loi de Huang – du nom du PDG de Nvidia !
Quel impact pour l’économie réelle ?
À long terme, l’essor de l’IA couplé à la loi de Huang devrait garantir un accroissement de la productivité – tant nécessaire en Europe. Mais à court terme, il y a deux incertitudes : quel va être le degré d’adhésion de la population et des salariés au développement de l’IA ? Cela peut, dans un premier temps, freiner une adoption large. Combien de temps faudra-t-il pour que les gains de productivité escomptés avec l’IA se matérialisent ? Même les économistes n’ont pas de réponse à ce sujet. Il faudra être patient…
Jamais l’économie mondiale n’a été aussi dépendante d’une seule entreprise
L’hégémonie de Nvidia, à la fois dans le domaine de l’IA mais qui se traduit aussi par une hégémonie boursière, soulève des inquiétudes. Il faut certainement remonter au 17ème siècle pour que l’économie mondiale soit aussi dépendante d’une seule entreprise. C’était, à l’époque, la Compagnie des Indes Orientales qui avait eu un monopole de dix ans sur le commerce dans l’océan Indien.
L’hégémonie technologique n’est pas surprenante. D’importantes barrières à l’entrée existent dans l’IA, juste en termes d’accès aux financements, par exemple. Il n’y a donc pas de concurrent immédiat qui puisse faire chuter Nvidia. Surtout, l’entreprise a bien compris qu’à un certain stade elle sera concurrencée par un nouvel entrant sur son segment cœur des puces. C’est pourquoi elle a décidé, au printemps, de se positionner sur le reste de la chaîne de valeur de l’IA en développant un IA factory – des logiciels qui permettront à tout un chacun d’avoir l’IA chez soi. Là encore, aucune idée précise du temps que cela prendra. Mais cela permet d’être rassuré sur l’avenir boursier de Nvidia au moins pour les trimestres à venir, voire au-delà.
Quid de la géopolitique ? Fin juin, le titre boursier de Nvidia a lourdement chuté à la suite d’inquiétudes exprimées par un fonds spéculatif américain concernant l’exposition du groupe au risque géopolitique – sous-entendu à la Chine. La correction fut brutale : baisse de la capitalisation boursière de 550 milliards de dollars en trois séances ! Ce risque est déjà bien appréhendé par l’entreprise.
Si on scrute de près ses derniers résultats trimestriels, on sera surpris de constater que Singapour est le troisième pays où Nvidia fait le plus gros de son chiffre d’affaires. Pourquoi ? Car Nvidia utilise la cité-État comme point de revente de sa technologie à la Chine ! Ingénieux.
L’IA a (toujours) le vent en poupe