C’est l’investissement à la mode. Tous les influenceurs en finance et les courtiers à la mode, comme Trade Republic, en font la promotion. « Prenez votre argent en main », pour reprendre un slogan que le patron France de Trade Republic aime bien, et investissez dans les ETF. Bonne ou mauvaise idée ? Comme toujours en bourse, c’est plus compliqué qu’il n’y paraît.

ETFs, attention à l’overdose
De quoi s’agit-il ?
Un ETF est un produit financier qui réplique la composition et la performance d’un sous-jacent, par exemple un indice boursier. Prenons un ETF sur le CAC 40. Il est composé de toutes les actions de l’indice parisien et le poids de chacune des valeurs dans l’indice est respecté. Simple. Pourquoi ce succès ? Les ETFs sont peu chers, avec de faibles commissions, contrairement aux fonds actions où des gérants sont à la manœuvre pour sélectionner les entreprises qui vont enregistrer la meilleure performance boursière (on parle de gestion active).
Attention toutefois, les ETFs ne sont pas le produit miracle proclamé par certains. Il comporte des risques. Au moment où vous voulez vendre votre ETF et prendre les gains réalisés, un écart important peut survenir entre le cours de l’indice et le cours de l’ETF. Comment expliquer cela ? Toutes les actions qui composent l’ETF ne sont pas vendues au même moment, donc il peut y avoir un décalage…conséquent si la volatilité est élevée, comme ce fut le cas en avril dernier. Une telle mésaventure, en revanche, ne peut pas se produire avec la gestion active.
Il y a plus inquiétant
Ces derniers mois, l’engouement des épargnants s’est porté sur une catégorie spécifique d’ETFs, les ETFs à effet de levier. Ils sont notamment disponibles sur une myriade d’indices : le S&P 500, le Dow Jones Industrial Average ou encore le Nasdaq 100. L’objectif est de maximiser le gain potentiel. Supposons que le S&P 500 progresse de 2 % sur la journée. Un ETF traditionnel va également progresser d’environ 2 % (moins les frais de gestion). Avec un ETF à effet de levier X2 ou X3, la hausse est respectivement de 4 % et de 6 %. Impressionnant, et tentant.
Il y a toujours un revers à la médaille. Les gains sont amplifiés, mais les pertes aussi. Une chute de l’indice de 2 % peut se transformer en baisse de 4 % voire 6 % avec un effet de levier X3. Ces produits financiers ne sont pas adaptés à une clientèle patrimoniale qui cherche à investir sur le long terme. Détenir des ETFs à effet de levier sur la durée est une mauvaise idée.
L’utilisation d’un effet de levier tend à éroder les rendements sur le long terme
Autre exemple extrême qui permet de bien mesurer l’ampleur des risques. Supposons qu’un indice augmente de 10 % un jour et chute de 10 % le lendemain. Un portefeuille de 1000 euros finit par valoir 990 euros avec un ETF classique. En revanche, avec un ETF à effet de levier X3, la hausse serait de 30 % un jour et la baisse de 30 % le lendemain. Notre portefeuille de 1000 euros finit par valoir seulement 910 euros.
L’utilisation d’un effet de levier tend à éroder les rendements sur le long terme. S’ajoutent à cela des frais de gestion qui sont également plus élevés que pour les ETFs classiques. Bref, ils ne sont pas à mettre dans toutes les mains. Seuls les traders professionnels, qui prennent des positions à la journée, comprennent parfaitement les risques de l’effet de levier.
Comment intégrer les ETFs dans la gestion patrimoniale ?
Chaque profil d’épargnant est différent. Une fois cela dit, on peut toutefois mettre en avant des règles de base. Les ETFs classiques ont désormais parfaitement leur place dans une allocation d’actifs. Si on souhaite être exposé aux valeurs technologiques américaines, opter pour un fonds actions, souvent onéreux, plutôt que pour un ETF répliquant le Nasdaq 100 n’est certainement pas toujours pertinent. Lorsqu’il s’agit d’investissement thématique dans les actions, c’est différent. Il faut comparer.
Beaucoup d’ETFs ayant pour thème la transition écologique affichent des performances nettes médiocres sur la longue durée par rapport aux fonds actions positionnés sur la même thématique. Tout est question de dosage. Le plus sage, souvent, c’est de voir avec son conseiller de gestion de patrimoine quelle approche adopter. À côté des actions (ETF et fonds), il faut également envisager une poche de dette d’entreprises et/ou d’ États, des fonds structurés qui offrent d’excellents rendements en ce moment, potentiellement du private equity (investissement dans des entreprises non cotées) voire, même si c’est plus rare, des matières premières.