Source de cet article : Brice Prunas, gérant du fonds ODDO AI

 

l’IA ouvre-t-elle un nouveau cycle économique durable et, concrètement, comment votre fonds ODDO BHF Artificial Intelligence compte-t-il capter cette croissance — entre domination de Nvidia, choc DeepSeek, horizon AGI et exigences ESG — tout en protégeant l’épargnant ?

Depuis la fin de 2022, tout s’accélère. Le lancement de ChatGPT a servi d’étincelle. Les progrès s’enchaînent. Mieux, ils se démultiplient. Les États s’organisent. Les grandes entreprises rivalisent. Les jeunes pousses bousculent la hiérarchie. La compétition n’oppose plus seulement des produits. Elle oppose des écosystèmes. Chacun repousse la frontière suivante. Chacun tente d’installer son standard. Le tempo s’apparente à une course de relais sans ligne d’arrivée. Et le spectateur devient acteur, parfois malgré lui.

 

La révolution de l'Intelligence Artificielle

Révolution IA : et après ?

 

 

L’IA franchit désormais un cap : elle raisonne. Elle ne se contente plus de classer, résumer ou prédire. Elle enchaîne des étapes. Elle explique ses choix. Elle corrige ses erreurs. Ce virage change la nature du travail. Le capital remplace une partie des tâches humaines. La productivité s’envole là où l’IA devient copilote. Les usines optimisent chaque geste. Les services réduisent les délais. Les créatifs testent dix idées au lieu d’une. Mais cette montée en puissance exige des bases solides. Il faut des centres de calcul, beaucoup d’énergie, et une logistique logicielle plus robuste. Demain, l’avantage viendra autant des modèles que des pipelines de données, des droits d’usage et d’une gouvernance rigoureuse. Bref, une industrie entière se structure à vive allure.

Un acteur a, ces derniers mois, créé une onde de choc : DeepSeek. Son approche d’optimisation rebat des cartes que l’on croyait figées. Les coûts d’inférence baissent. Les performances par dollar grimpent. L’accès à l’IA se démocratise dans des pays et des secteurs qui restaient en marge. Pour l’investisseur, cela ressemble à un vrai changement de paradigme. L’Amérique du Nord demeure le centre de gravité. Les géants y concentrent la valeur. Pourtant, la Chine revient dans le jeu avec une énergie renouvelée. Les talents s’y mobilisent. L’écosystème local s’active. Et l’effet d’entraînement gagne l’Asie, puis le reste du monde. Pour une stratégie globale, ignorer ce mouvement deviendrait un aveu d’aveuglement.

 

 

 

 

Nvidia domine-t-elle encore ?

 

 

Reste une question qui obsède les marchés : Nvidia domine-t-elle encore ? Oui. Aujourd’hui, Nvidia ne vend pas seulement des puces. Elle orchestre un écosystème complet. Accélérateurs, interconnexions, logiciels, librairies, services. Elle propose la boîte à outils et le manuel. Elle fédère développeurs et clients. Elle transforme le matériel en plateforme. Cette position confère une avance manifeste. Toutefois, la barre monte à chaque génération. Les besoins explosent. Les concurrents s’organisent. Les utilisateurs exigent plus de performance, moins d’énergie, davantage d’ouverture. Nvidia saura-t-elle maintenir ce rythme ? La réponse conditionne une bonne partie de la chaîne de valeur, des data centers aux applications finales.

Autre débat brûlant : à quelle distance se trouve l’AGI, cette intelligence générale artificielle ? Les optimistes affirment que nous touchons presque au but. Les pessimistes rappellent que la route reste longue et tortueuse. Le désaccord vient souvent de la définition. Faut-il une capacité transversale proche de l’humain dans la plupart des tâches intellectuelles ? Faut-il l’autonomie, la conscience, ou seulement une compétence étendue et fiable ? Selon la jauge retenue, l’horizon se rapproche ou recule. Une chose s’impose pourtant. Le développement de l’IA échappe peu à peu à un pilotage entièrement humain. Les modèles aident à créer de meilleurs modèles. Les boucles d’auto-amélioration s’installent. Nous devons donc penser l’impact dès maintenant. En bien, pour accélérer la recherche, l’éducation, l’efficacité. En mal, pour éviter les dérives, l’opacité et la dépendance.

 

 

 

L’IA décode des images médicales

 

La santé illustre déjà ce basculement. L’IA décode des images médicales à une vitesse inédite. Elle assiste le diagnostic, suggère des pistes, réduit les faux négatifs. Les découvertes de molécules gagnent des années. Les essais se ciblent mieux. Les hôpitaux luttent contre la saturation grâce à une planification plus fine. Mais l’effet dépasse la médecine. L’IA peut aussi traiter des urgences sociales. Elle diffuse le savoir à bas coût. Elle propose des parcours d’apprentissage personnalisés. Elle ouvre des portes à ceux qui vivent loin des grandes villes ou des universités. Elle peut aider des micro-entrepreneurs à franchir les premières étapes. Elle peut éclairer des politiques publiques, du transport à l’énergie. En bref, mieux que n’importe quel outil depuis Internet, elle promet de réduire quelques fractures si nous la mettons au service du plus grand nombre.

Il ne faut pourtant pas ignorer les risques. Ils sont économiques. Une concentration excessive du pouvoir peut créer des rentes, puis des fragilités systémiques. Ils sont géopolitiques. Les dépendances technologiques peuvent se transformer en leviers de pression. Ils sont sociaux. Des métiers se transforment plus vite que les compétences ne s’adaptent. Ils sont éthiques. Les biais se glissent dans les données, puis se répliquent dans les décisions. Ils sont environnementaux. Les centres de calcul consomment de l’énergie et de l’eau. Enfin, ils sont sécuritaires. Les attaques assistées par IA s’améliorent à la même vitesse que les défenses. On ne traite pas ces sujets avec des slogans. On les traite avec de la transparence, de l’audit, des garde-fous, et une formation de tous les acteurs, du dirigeant au citoyen. Et, oui, un peu d’humilité ne nuit pas : même les meilleurs modèles se trompent encore.

 

 

 

 

L’IA n’est pas une mode

 

 

Investir dans cette révolution demande une boussole. L’IA n’est pas une mode. Elle s’impose comme une force disruptive. Elle redessine des chaînes entières de valeur. Elle traverse la tech, la santé, l’industrie, la finance, les médias, et la distribution. Elle déplace les marges. Elle sanctionne les retardataires. Elle récompense ceux qui construisent des données fiables, des process clairs, et des interfaces utiles. Notre conviction est simple. Nous voulons participer à ce mouvement, avec discipline. Nous privilégions les entreprises qui créent des usages réels, des revenus récurrents, et des avantages techniques difficiles à copier. Nous observons leurs unités économiques, leur gouvernance, leur capacité à attirer les talents. Car, au final, une technologie ne vaut que par l’adoption qu’elle suscite.

Cette approche nourrit la construction du fonds ODDO BHF Artificial Intelligence. Il s’agit d’un fonds actions thématique global. Il réunit, à ce jour, un univers resserré d’environ cinquante valeurs internationales. La pondération américaine domine, à 73,8 %. Nous sélectionnons ces titres grâce à une analyse fondamentale rigoureuse. Nous l’augmentons par des outils quantitatifs. Nous exploitons le traitement automatique du langage pour décoder l’information publique à grande échelle. Nous appliquons des filtres ESG exigeants afin d’aligner performance et responsabilité. Ce cadre permet de garder le cap dans un marché nerveux, parfois bruyant, souvent contradictoire.

 

 

 

 

Le fonds affiche un classement SFDR article 9

 

 

Il poursuit un objectif explicite de décarbonation. Peu de fonds thématiques dédiés à l’IA revendiquent une telle ambition et l’outillent de manière opérationnelle. Nous l’inscrivons dans le temps long. Nous évaluons les trajectoires d’émissions. Nous encourageons les plans crédibles. Nous cherchons l’innovation qui réduit l’empreinte, pas celle qui la cache. Cette exigence n’entrave pas la performance. Elle renforce la durabilité des modèles d’affaires et la qualité des cash-flows. Et, pour le client final, elle clarifie la promesse : croissance, mais pas à n’importe quel prix.

Cette exigence a reçu une reconnaissance. La Coupole des Coupoles de l’innovation 2025 a distingué le fonds. Ce prix ne clôt rien. Il rappelle surtout l’obligation de rester à la hauteur. Les marchés n’acceptent pas l’autosatisfaction. Ils exigent des résultats, des preuves, des itérations. Nous continuons donc à rencontrer des équipes dirigeantes, à tester des hypothèses, à confronter les scénarios. Le cycle s’accélère ; notre méthode aussi.

 

 

 

 

L’IA recompose l’économie

 

 

Depuis 2018, je défends une thèse simple. L’intelligence artificielle dépasse le périmètre strict de la technologie. Elle recompose l’économie. Elle transforme la manière de produire, de vendre et d’apprendre. Elle renforce les champions qui s’ouvrent aux complémentaires. Elle ouvre des voies nouvelles à ceux qui partent petits mais clairs. Elle ne remplace pas l’ambition. Elle l’exige. Car l’IA ne crée pas la vision. Elle la sert. À nous de donner le cap, d’en assumer les risques, et d’en partager les fruits.

Alors, jusqu’où ira le progrès ? Aussi loin que nos infrastructures le permettront. Aussi loin que notre gouvernance le garantira. Et, surtout, aussi loin que notre exigence le demandera. L’IA avance vite. À nous de l’orienter. De l’investir. De la rendre utile. Le reste appartient au temps, et au travail de fond, celui qui sépare les effets d’annonce des vrais gagnants.

 

 

Disclaimer

 

Ce document est fourni exclusivement à titre d’information et ne saurait en aucun cas être considéré comme un conseil en investissement, une recommandation personnalisée, une offre d’achat ou de vente d’instruments financiers. Les opinions exprimées reflètent l’analyse du moment et peuvent évoluer sans préavis. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps. L’investissement en actions, y compris au travers d’un fonds thématique tel qu’ODDO BHF Artificial Intelligence, comporte un risque de perte en capital, ainsi que des risques de marché, de change, de liquidité, de concentration, réglementaires et extra-financiers.

Avant toute décision d’investissement, chaque lecteur doit vérifier son profil de risque et ses objectifs, lire attentivement le Prospectus, le DIC/KID, le dernier rapport annuel et les documents d’information disponibles auprès de la société de gestion et sur ses canaux officiels, et prendre connaissance des frais, de la stratégie, des risques et de la politique ESG. La classification SFDR et les objectifs de décarbonation reposent sur des cadres réglementaires et méthodologiques susceptibles d’évoluer ; ils ne constituent pas une garantie de résultat. Le traitement fiscal dépend de la situation individuelle de chaque investisseur et peut être modifié ultérieurement.

Les données, chiffres et exemples mentionnés proviennent de sources jugées fiables mais non garanties ; ils peuvent comporter des erreurs ou omissions. Cet article s’adresse à des investisseurs éligibles dans les juridictions où le fonds est autorisé à la commercialisation et ne doit pas être distribué dans des pays où une telle distribution serait contraire à la réglementation locale. La responsabilité de l’auteur et de l’éditeur ne saurait être engagée en cas d’utilisation de ces informations sans validation adaptée. Pour un avis tenant compte de votre situation personnelle, rapprochez-vous de votre conseiller Centaure Investissements.

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