La France, ce faux enfer « ultra-libéral »
On connaît le refrain. La situation budgétaire est catastrophique. Tout le monde va devoir contribuer. Si on ne fait pas les ajustements maintenant, ce seront les marchés financiers et le FMI qui nous les imposeront plus brutalement dans un avenir proche. Mais traitons-nous ce problème budgétaire de la bonne manière ?

La France, ce faux enfer « ultra-libéral »
Rappelons quelques chiffres pour alimenter le débat.
La France est parmi les 195 pays du monde celui ayant les plus fortes dépenses publiques (57%) en proportion du revenu national derrière la Corée du Nord et Cuba, le plus fort taux de prélèvements obligatoires (48%) à égalité avec la Belgique, le plus grand nombre d’impôts (environ 300), les plus fortes dépenses sociales (11% du total mondial pour 1% de la population), le plus fort déficit public primaire et la troisième plus forte dette publique d’un pays occidental derrière l’Italie et le Japon, le smic le plus élevé, l’indemnisation du chômage la plus longue et la plus forte en proportion du dernier revenu, le taux de cotisation retraite le plus élevé et l’âge légal de départ en retraite le plus bas.
Un pays où la vie quotidienne des individus et des entreprises est régie méticuleusement par 88 codes (travail, environnement, marchés publics, construction, etc…), dont une douzaine font 4.000 pages chacun, outre 47.000 lois, 240.000 règlements, 440.000 normes et un nombre que personne n’a réussi à quantifier de circulaires.
Près de 60% des 51 millions d’adultes que compte notre pays tirent la majorité de leurs revenus de la sphère publique.
Aussi un des trois seuls pays à garantir l’emploi à vie à tous les fonctionnaires, celui à la plus forte proportion, à égalité avec deux pays scandinaves, d’actifs dans la sphère publique (23%, État, collectivités territoriales, hôpitaux, répartis en 283 « corps » statutaires). Si on ajoute les retraités (15 millions), les allocataires de toute catégorie (4 millions dont la moitié au RSA), les chômeurs indemnisés (4 millions), les employés d’entreprises publiques (770.000 soit un sixième du secteur marchand – un record), ce sont près de 60% des 51 millions d’adultes que compte notre pays qui tirent la majorité de leurs revenus de la sphère publique. Sans compter même ceux dont l’emploi privé est très massivement subventionné, notamment dans la culture. C’est aussi le seul pays au monde où un immigré clandestin peut faire scolariser ses enfants, se faire soigner gratuitement pour un certain nombre de pathologies, et, souvent, travailler.
Et pourtant, une bonne partie des hommes politiques prétendent qu’il s’agit d’un « enfer ultra-giga-néolibéral ». On marche sur la tête.
La triste réalité française c’est qu’une majorité ne souhaite pas un État plus maigre.
Ce serait se tirer une balle dans le pied. Ceux qui sont dépendants d’une manière ou d’une autre de la fonction publique n’y ont pas intérêt. Et il y a aussi ceux qui contribuent moins que les autres. Rappelons que presque 66% des foyers fiscaux ne paient pas d’impôt sur le revenu. On se retrouve dans une situation ubuesque où une grande partie de la charge de l’impôt s’abat sur une minorité de foyers fiscaux présentés à tort comme « privilégiés » et sur le secteur privé qui, outre être étouffé par un cadre normatif et réglementaire contraignant, est perçu comme une vache à lait par les pouvoirs publics quand il faut combler les caisses de l’État.
Peut-on sortir de cette situation par le haut ?
On peut en douter. Le débat budgétaire actuel porte sur une année blanche – ce qui consisterait simplement à ne pas augmenter les dépenses en 2026 par rapport à 2025. C’est une mesurette qui permettra au mieux d’économiser quelques dizaines de milliards d’euros – très loin de ce qu’on devrait faire. Et pourtant, l’opposition parlementaire évoque déjà des risques de « récession » ou une « tendance récessionniste » si cette année blanche serait mise en vigueur. Aberrant.
Le mal français, c’est de croire que l’État nounou a pour seul rôle d’inonder d’argent magique tous les groupes sociaux, les lobbys etc…afin d’acheter la paix sociale. En revanche, personne ne s’interroge d’où vient l’argent magique et qui la crée. Dans tous les pays, c’est le secteur privé avec, souvent, en appui stratégique l’État qui peut par exemple financer des projets d’innovation sur le temps long sans avoir les contraintes d’une entreprise privée.
L’autre modèle, c’est le communisme et l’histoire nous montre très bien que c’est un échec. Dans un sens, la France est certainement le seul pays communiste au monde où le PC a quasiment disparu du paysage politique mais son idéologie continue d’exercer une influence démesurée.