Les livrets réglementés vont encore bouger au tournant de l’année. Après une première décrue à l’été 2025, la mécanique de calcul annonce une nouvelle vague de baisse au 1er trimestre 2026. Les indices de référence reculent. L’inflation se tasse. Les taux interbancaires suivent. Résultat, les rémunérations des Livret A, LDDS, livret jeune, LEP et CEL devraient s’ajuster à la baisse. À l’inverse, le PEL ferait figure d’exception avec une hausse pour les nouveaux plans ouverts en 2026. Faisons le point, chiffres et clés en main, et voyons comment adapter votre stratégie d’épargne.
Épargne 2026 : nouveaux taux
Le contexte explique tout. Les taux des livrets réglementés sont recalés deux fois par an selon une formule qui prend en compte l’inflation hors tabac et un taux monétaire de court terme de la zone euro. En 2025, ces deux références ont baissé. La hausse des prix a ralenti nettement, tandis que l’€STR a prolongé sa détente après plusieurs assouplissements de la Banque centrale européenne. La conséquence est mécanique. Lorsque ces deux paramètres reculent, le taux “technique” produit par la formule descend lui aussi. Les autorités peuvent s’écarter marginalement du résultat pour lisser les mouvements, mais la tendance domine.
À l’été 2025, la marche fut déjà importante. Le Livret A a glissé de 2,40% à 1,70% net d’impôt. Le LDDS a suivi exactement le même chemin, puisque son taux est calqué sur celui du Livret A. Le LEP a également reculé, de 3,50% à 2,70%. Le CEL est passé de 1,50% à 1,25%. Cette vague a surpris par son ampleur. Pourtant, elle reflétait fidèlement la respiration de l’économie européenne. Moins d’inflation. Moins de tension sur les taux à court terme. Donc, une rémunération moindre pour l’épargne la plus liquide.
Début 2026, la suite logique se dessine
Les données provisoires du second semestre 2025 pointent vers une inflation hors tabac proche de 1% en moyenne. L’€STR continuerait de s’infléchir, même si la cadence se calme, pour se situer autour de 1,80% en moyenne semestrielle en fin d’année. Avec ces hypothèses, la formule donnerait un taux technique du Livret A voisin de 1,40% au 1er trimestre 2026. La baisse serait donc d’environ 0,30 point par rapport à 1,70%. Moins spectaculaire qu’en août, mais bien réelle. En pratique, la décision officielle intervient en janvier pour une application au 1er février. Les pouvoirs publics peuvent arrondir le résultat, toutefois ils restent en général dans l’esprit de la formule.
Pour le LDDS, l’équation reste simple. Il évolue à l’unisson du Livret A. S’il passe à 1,40% selon notre scénario, le LDDS y ira aussi. Les épargnants qui utilisent le LDDS pour flécher une partie de leur trésorerie constateront donc la même rémunération que sur leur Livret A, avec les mêmes plafonds et la même souplesse d’emploi. Le message reste identique. Ces produits gardent leur rôle d’enveloppe liquide, sûre et défiscalisée. Mais ils ne rémunèrent plus l’inflation comme en 2023–2024. Il faut donc penser allocation globale, et non rendement seul.
Le livret jeune n’échappe pas à l’onde de choc
Les banques fixent librement son taux dans la limite d’un plancher. Ce plancher est précisément le taux du Livret A. Beaucoup d’établissements alignent déjà les deux rémunérations. Si le Livret A recule, le livret jeune suivra dans la majorité des réseaux. Les jeunes clients verront donc leur taux se rapprocher des 1,40% évoqués, sauf offre promotionnelle temporaire. Le produit conserve toutefois un intérêt pédagogique. Il initie à l’épargne, reste défiscalisé, et offre une totale liquidité.
Le LEP mérite une attention particulière. Il s’adresse aux foyers modestes selon des conditions de revenus et propose en principe une rémunération supérieure au Livret A. Les autorités ont récemment maintenu un écart d’environ un point pour préserver son attractivité. Si cette ligne se confirme, le LEP passerait de 2,70% à 2,40% début février 2026. En cas d’application stricte de la formule, le taux pourrait même glisser vers 1,90%. Néanmoins, l’objectif social du LEP plaide pour un différentiel maintenu. Si vous êtes éligible, le LEP reste la meilleure enveloppe sécurisée du marché à court terme. Il allie filet de sécurité, exonération fiscale et rémunération bonifiée. Vérifiez votre éligibilité chaque année. En pratique, une large part des épargnants remplissent les critères sans le savoir.
Le CEL, souvent oublié, continue sa trajectoire discrète. Son taux a déjà baissé à 1,25% et pourrait encore s’ajuster à la marge. Le CEL n’est pas un produit de rendement. Il sert surtout de marchepied pour des droits à prêt assortis d’une prime dans un parcours d’accession à la propriété. Si vous n’avez pas de projet logement à moyen terme, il ne constitue pas la priorité pour loger votre trésorerie.
Le cas du PEL tranche avec le reste
Les nouveaux PEL ouverts à compter du 1er janvier 2026 viseraient un taux porté à 2%. La hausse reste modeste, mais elle rompt avec la logique de baisse des livrets. Attention toutefois, le PEL n’est pas un livret. L’argent est bloqué. Les intérêts deviennent imposables à la flat tax. L’effort d’épargne doit donc se penser dans la durée. Le PEL joue un double rôle. Il prépare un projet immobilier en fermant un taux de prêt futur et en accumulant des droits. Il constitue aussi une poche d’épargne à taux fixé à l’ouverture, ce qui séduit lorsque l’incertitude domine. Si vous anticipez un achat immobilier dans quelques années, ouvrir un PEL en début d’année peut s’entendre. Vous sécurisez un taux de 2% sur l’épargne et vous conservez le bénéfice d’un prêt réglementé, dont les conditions restent connues d’avance.
Face à ces mouvements, quelle stratégie adopter dès maintenant ? Commencez par remettre à plat votre matelas de sécurité. Conservez trois à six mois de dépenses sur un support liquide et défiscalisé. Livret A et LDDS remplissent toujours ce rôle à moindre risque. Au-delà, évitez la sur-trésorerie. Un capital excédentaire placé plusieurs mois sur un livret à 1,40% s’érode face à une inflation, même modérée. Il faut donc diversifier. Les comptes à terme redeviennent compétitifs par périodes. Certaines banques proposent des maturités courtes à des taux bruts supérieurs, avec une fiscalité plus lourde mais une rémunération nette parfois meilleure. Comparez soigneusement les durées, les pénalités en cas de retrait et le rendement net.
Ensuite, interrogez vos projets à horizon deux à cinq ans. Un PEL nouvelle génération peut s’intégrer dans cette planification, surtout si vous envisagez un achat immobilier. Calibrez l’effort d’épargne mensuel pour qu’il reste tenable. N’oubliez pas la fiscalité. Les intérêts du PEL sont soumis au prélèvement forfaitaire unique. Faites le calcul net d’impôt pour comparer loyalement avec vos livrets défiscalisés. Si vous détenez un ancien PEL plus rémunérateur, conservez-le tant que le coût fiscal et social ne grève pas son intérêt. L’antériorité compte souvent.
Ne négligez pas non plus les enveloppes d’investissement de long terme
Le recul des livrets ne signifie pas qu’il faut chercher le risque à tout prix. Il invite à hiérarchiser les objectifs. Pour la retraite, l’assurance vie et le PER offrent une architecture souple. Les fonds en euros ont eux aussi vu leur rendement se tasser, mais certaines compagnies revalorisent progressivement grâce aux réserves constituées. Les unités de compte apportent du potentiel à long terme, au prix d’une volatilité à accepter. La bonne méthode consiste à segmenter. Liquidité immédiate sur les livrets. Objectifs à deux à cinq ans via PEL et, au besoin, comptes à terme. Horizons supérieurs à cinq ans au sein d’enveloppes capitalisantes, avec une dose mesurée d’actifs de marché. Cette approche par poches réduit les arbitrages impulsifs au gré des annonces de taux.
Du côté des ménages modestes, le LEP reste la pierre angulaire. Son plafond a été relevé ces dernières années. Son rendement demeure supérieur, même après ajustement. Son accès exige la présentation de l’avis d’imposition. Prenez l’habitude de vérifier votre droit dès réception. Le gain annuel peut être significatif pour une épargne de précaution. Le calendrier joue aussi. Si la révision intervient au 1er février, versez avant la bascule si vous disposez d’une marge de plafond. Vous profitez un mois de plus de l’ancien taux. Ce détail pèse peu à l’échelle d’une année, mais il optimise chaque point de base.
Rappelons enfin le sens de ces variations
Les livrets réglementés ont vocation à protéger la trésorerie de court terme, pas à battre durablement l’inflation. Leur rémunération suit la conjoncture. Quand l’inflation retombe et que la banque centrale assouplit, les taux des livrets s’effacent. L’inverse s’est vu lors du pic de 2023. Chercher à “jouer” ces cycles n’a guère d’intérêt pour un particulier. Préférez une discipline simple. Tenez votre coussin de sécurité à jour. Remplissez vos enveloppes optimisées selon vos projets. Ajustez à la marge quand les paramètres changent.
En 2026, l’épargne réglementée reste attractive par sa sécurité et son exonération d’impôt, mais elle ne suffit pas à elle seule. Le Livret A et le LDDS devraient converger vers 1,40% dans notre scénario. Le livret jeune suivra le mouvement là où les banques l’alignent. Le LEP conserverait un avantage, probablement autour de 2,40% si l’écart avec le Livret A est maintenu, voire moins en cas d’application stricte de la formule. Le CEL restera périphérique, sauf projet logement structuré. Le PEL, lui, se renforcerait à 2% pour les nouveaux plans, au prix d’une liquidité réduite et d’une fiscalité présente. Ces repères posés, la clé tient dans l’ordonnancement de vos objectifs. Sécurisez le court terme. Planifiez le moyen terme. Capitalisez pour le long terme.
Pour conclure, gardez le cap. Les annonces de taux créent du bruit. Votre patrimoine, lui, se construit dans la durée avec des règles simples et rigoureuses. Définissez vos priorités. Comparez les rendements nets. Anticipez vos besoins de liquidité. Et acceptez que les produits réglementés, par essence, s’ajustent au climat économique. C’est leur force autant que leur limite. En 2026, ils joueront encore leur rôle. À vous d’orchestrer le reste.
Avertissement
Ce contenu a une vocation exclusivement informative et pédagogique. Les niveaux de rémunération évoqués pour le Livret A, le LDDS, le LEP, le livret jeune, le CEL et le PEL reposent sur des hypothèses et données disponibles à la date de rédaction et peuvent évoluer à tout moment selon les décisions des autorités et des établissements bancaires. Il ne s’agit pas d’un conseil en investissement personnalisé ni d’une recommandation. Avant toute décision, vérifiez les taux et conditions auprès de votre banque et rapprochez-vous, si besoin, d’un conseiller adapté à votre situation, à vos objectifs et à votre horizon de placement. La performance passée ne présage pas des performances futures. Centaure Investissements et l’auteur déclinent toute responsabilité en cas d’erreur, d’omission ou de décision prise sur la base de cet article.
