Caramba, encore raté !

Beaucoup espéraient que la croissance européenne surprenne à la hausse cette année. Après tout, les flux d’investissement ont abondé sur les actions européennes au premier trimestre. Mais ce ne sera pas pour cette fois-ci. Le 19 mai dernier, la Commission Européenne a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2025 à 0,9% pour la zone euro et – tenez-vous bien – à seulement 0,6% pour la France. Il y a encore quelques mois de cela, le gouvernement français tablait sur une croissance autour de 1%. Dans les deux cas, c’est en-dessous de la croissance potentielle et très en-dessous de la croissance américaine qui, en dépit de la guerre commerciale, devrait atteindre 1,7% selon la dernière estimation de la Réserve Fédérale (Fed).

 

L'édito Centaure Investissements par Christopher Dembik

​Croissance : choc transatlantique

 

Disons-le clairement, c’est une performance médiocre.

 

Médiocre, car la Banque Centrale Européenne a davantage baissé les taux que la Fed et elle devrait encore le faire en juin prochain, les portant à 2%. On aurait pu espérer que cela aboutisse à une reprise de l’investissement des entreprises et de l’immobilier. Ça ne se produit pas, pour l’instant.

Médiocre, car cela intervient alors que l’Union Européenne et surtout l’Allemagne ont récemment annoncé des plans de relance ambitieux – 500 milliards d’euros pour l’Allemagne, par exemple. Le problème, c’est qu’ils risquent d’avoir des effets d’entraînement sur le reste de l’économie plutôt faibles. Prenons le cas allemand. Une grande partie des investissements annoncés vont permettre de rattraper le retard dramatique du pays dans les infrastructures. Les externalités positives qui en découlent sont souvent faibles, et lorsqu’elles existent, elles prennent plusieurs années à se matérialiser dans les chiffres de la croissance. Il ne faut pas espérer que notre voisin outre-Rhin sorte de la stagnation économique cette année et probablement pas l’an prochain.

 

Qu’en est-il de la France ?

 

Après tout, le sommet « Choose France » est un nouveau succès et semble confirmer l’attractivité de notre pays. Les entreprises qui ont participé ont annoncé des engagements d’investissement à hauteur de 20 milliards d’euros – c’est mieux qu’en 2024. Paris va par exemple devenir le siège d’Europe occidentale de Revolut. Le groupe va réaliser un investissement total d’un milliard d’euros sur trois ans en France, et solliciter une licence bancaire dans notre pays. Tout cela pose a priori les bases d’une croissance future solide. En réalité, c’est un peu plus complexe qu’il n’y paraît.

Toutes ces annonces interviennent dans une conjoncture défavorable, marquée par une contraction des dépenses en capital des entreprises en France depuis la mi-2023, après un fort rebond post-Covid qui était observable dans tous les pays occidentaux. Il est peu probable que les 20 milliards d’euros mis sur la table et qui seront débloqués sur plusieurs années seront suffisants pour compenser le manque d’investissement des entreprises françaises qui pourrait encore continuer longtemps d’après les enquêtes menées auprès des chefs d’entreprise.

Comme toujours, on ne s’attaque pas aux nœuds du problème. Les événements médiatiques qui permettent de montrer à quel point nous sommes un hôte accueillant, c’est bien. Ce qui est mieux, c’est de créer et d’entretenir un terreau fertile pour les entreprises au quotidien. Soyons concrets : les entreprises ont besoin d’une fiscalité et d’un coût du travail compétitifs, d’un prix de l’énergie concurrentiel, de foncier disponible, de normes et réglementations adaptées, ainsi que d’une main-d’œuvre qualifiée. C’est sur ces paramètres que nous devons muscler notre jeu. Le reste n’est que badinage et opération de communication savamment orchestrée.

Regardons les chiffres de près : pour l’heure, en dépit du rendez-vous annuel de « Choose France », notre pays enregistre toujours plus de sorties d’investissements directs étrangers que d’entrées. C’est ça qui devrait réellement préoccuper l’exécutif. Il faut absolument inverser la tendance si on souhaite un jour renouer avec une croissance qui soit dynamique, pourvoyeuse de richesse et de rentrées fiscales. On ne peut pas accepter que notre croissance flirte systématiquement avec zéro.

 

 

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