Conseils de bonne hygiène financière lorsqu’on investit en crypto

Les Français sont connus pour leur manque d’appétence au risque. Je m’inclus dans le lot (ma première décision d’épargne en tant qu’adulte fût d’ouvrir une assurance-vie en fonds euro lorsque j’avais environ 25 ans !). Selon le dernier rapport annuel de la Banque de France, l’encours de l’épargne réglementée a atteint 833,7 milliards d’euros fin 2021 – soit environ 14 % du patrimoine financier des ménages français. C’est énorme.

Heureusement, on voit des premiers signes de diversification vers des investissements plus risqués et plus rémunérateurs (les deux vont généralement de pair). A la faveur de la crise de la Covid, les Français ont découvert les actions. « C’est le moment de faire de bonnes affaires en Bourse » avait confié la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher en mars 2020.

De manière plus surprenante, ils s’intéressent également aux crypto-actifs (c’est le terme utilisé par les banques centrales pour qualifier les monnaies virtuelles et les différencier des monnaies fiduciaires – celles qu’on retrouve dans notre porte-monnaie). Le Bitcoin est le crypto-actif le plus connu. Mais il en existe une myriade d’autres.

 

Faites une pause, c’est l’édito de Christopher Dembik !

L'édito de Christopher DEMBIK

​Les innovations de rupture. Les craintes de stagflation et désormais de récession mondiale ont pénalisé les valeurs technologiques

 

Depuis le début de l’année, l’évolution des crypto-actifs a été, en grande partie, dépendante de l’évolution des valeurs technologiques américaines et du fonds de croissance Ark Innovation, l’un des fonds phare aux Etats-Unis spécialisé sur les innovations de rupture. Les craintes de stagflation et désormais de récession mondiale ont pénalisé les valeurs technologiques et, par ricochet, les crypto-actifs.

En l’espace de neuf mois, le Bitcoin a perdu 55 % de sa valeur et l’Ethereum, deuxième crypto-actif le plus populaire, est en chute libre de 60 %. C’est beaucoup. Cela fait dire aux sceptiques que les crypto-actifs ne sont ni des valeurs refuge en période de crise ni une protection contre l’inflation. Nous aurions tendance à partager ce point de vue. Cela ne signifie pas, pour autant, qu’il faut balayer d’un revers de main le phénomène des crypto-actifs.

 

Conseils de bonne hygiène financière lorsqu’on investit en cryptomonnaies

 

Décryptage

 

Ce n’est pas demain que les crypto-actifs vont devenir un produit d’épargne grand public. Certains courtiers présents en France souhaiteraient que ce soit le cas. Ils y travaillent. Mais ça prendra du temps. A long terme, il fait peu de doutes que les crypto-actifs (pas tous, certainement ceux qui sont les moins énergivores) vont faire partie du quotidien, d’une manière ou d’autre. Le processus de démocratisation et d’institutionnalisation est enclenché. Il ne s’arrêtera pas.

 

Deux facteurs participent à l’expansion de l’usage des crypto-actifs :

 

  • La diversification des produits financiers adossés aux crypto-actifs à destination des particuliers et des entreprises. C’est par exemple le cas des Livrets d’épargne Crypto. Ils proposent un taux de rendement supérieur aux livrets réglementés. Attention, ce taux est toutefois fluctuant en fonction des conditions de marché ! Il n’en, en aucun cas, garantie. S’ajoute à cela une forte demande des grands groupes français qui cherchent à placer une petite partie de leur trésorerie en crypto-actifs, en toute discrétion. Mon petit doigt m’a dit que certains groupes comme Carrefour l’ont fait.
  • Le changement générationnel est aussi une lame de fond puissante. Les jeunes sont plus réceptifs aux opportunités d’investissement offertes par les crypto-actifs. La génération X (1961-1975) tend à privilégier des investissements sûrs plutôt que performants afin de financer leur retraite (obligations, actions, immobilier etc.). Les générations Y et Z (à partir des années 1980) ont tendance à prendre plus de risques et à s’intéresser aux nouvelles innovations avec moins de scepticisme (moins de prudence ?) que leurs aînés. Selon un sondage IPSOS de janvier 2022, près de 12 % des moins de 35 ans possèdent des crypto-actifs. C’est déjà massif.

Il y a toutefois encore des freins importants à une expansion plus large. Les acteurs bancaires traditionnels sont peu coopératifs (souvent pour des raisons réglementaires) et sont incapables d’aiguiller leurs clients. Selon la première édition du baromètre cryptomonnaies France par Sia Partners et de Finance Innovation de mai 2022, 33 % des Français considèrent que c’est le principal frein pour investir. Des courtiers se sont engouffrés dans la brèche.

Certains CGP (Conseillers en Gestion de Patrimoine) y pensent. Mais ce sera un processus certainement encore long. S’ajoute aussi à cela la forte volatilité des principaux crypto-actifs (particulièrement le Bitcoin et l’Ethereum) qui n’en font pas, à ce stade, des produits d’épargne fiables.

 

Conseils de bonne hygiène financière lorsqu’on investit en cryptomonnaies

 

Et si on y va quand même ?

 

Pour ceux qui souhaitent investir en crypto-actifs (tout en ayant conscience des risques), il y a quelques conseils de bonne hygiène financière à suivre :

– Avoir conscience que l’argent investi peut être perdu en grande partie. C’est rarement le cas avec d’autres investissements classiques (à moins d’investir sur une small cap, une petite capitalisation boursière qui devient un penny stock, une action hautement dilutive qui cote à moins d’un euro. Il y a en a malheureusement beaucoup à la Bourse de Paris. On ne citera pas de nom…) ;

– Ne jamais mettre plus de 5 % du total de son portefeuille investi en crypto-actifs. C’est une borne haute.

 

Avoir conscience qu’investir en crypto-actifs, c’est investir à long terme (voire à très long terme)

 

– Il y a quelques mois de cela, j’ai lu une tribune qui comparait les crypto-actifs à un investissement en direct dans une start-up (au private equity, donc). C’est sensé. Il y a au moins deux similitudes : la forte composante technologique (les crypto-actifs sont adossés très souvent à la Blockchain) et la prise de risque (qui est élevée mais qui est lissée dans le temps, normalement). Il ne faut donc pas espérer faire fortune avec les crypto-actifs en quelques mois. C’est certainement évident. Mais c’est bon de le rappeler.

– Choisir un intermédiaire (courtier, banque ou autre) qui ait pignon sur rue. Un agrément peut être un bon point de départ. La France a récemment délivré le premier agrément de Prestataire de Services sur Actifs Numériques (PSAN) à un acteur français. D’autres devraient suivre. Concrètement, les entités qui reçoivent cet agrément dépendent par la suite de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) – comme les acteurs bancaires traditionnels. C’est un gage de sûreté des fonds placés auprès de l’intermédiaire, en particulier.

– Avant d’investir sur les crypto-actifs, pensez à des produits d’épargne rémunérateurs sur le long terme qui sont tout aussi attractifs et beaucoup moins risqués (comme l’assurance-vie s’il y a une composante suffisamment importante placée en actions et/ou en immobilier, par exemple. On évitera d’avoir une trop forte exposition aux fonds en euros comme je l’avais fait étant jeune). Il faut procéder par étape lorsqu’on choisit d’épargner : aller du plus simple au plus complexe. Investir en premier dans les crypto-actifs, c’est pour le moins audacieux (disons-le ainsi !).

 

Conseils de bonne hygiène financière lorsqu’on investit en cryptomonnaies

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