Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump déploie une stratégie de rupture à tous les niveaux. Commerce international, géopolitique, politique monétaire, fiscalité : les lignes bougent. Pourtant, l’économie mondiale semble, pour l’instant, étonnamment stable. Derrière ce calme apparent, les effets à moyen terme de sa politique pourraient pourtant redessiner les équilibres mondiaux et impacter les portefeuilles des investisseurs.

Trump : Impact économique réel ?
Une croissance mondiale encore solide
Les six premiers mois de présidence Trump n’ont pas dévié la trajectoire de l’économie mondiale. Le PIB réel mondial aurait progressé de 3 % en rythme annuel au premier semestre, un rythme proche de celui observé en 2023 et 2024. Le FMI anticipe une dynamique équivalente pour les deux années à venir. Ce constat pourrait suggérer une forme d’immunité face aux secousses politiques. Mais cette stabilité est trompeuse.
La croissance mondiale est aujourd’hui soutenue par une mécanique d’inertie. L’expansion économique actuelle se caractérise par des ajustements graduels, sauf en cas de choc majeur. Sans crise sanitaire, financière ou militaire, les déséquilibres mettent plus de temps à se matérialiser. Or, les tensions s’accumulent.
Le choc tarifaire américain : un climat d’incertitude
L’un des piliers de la stratégie Trump est le protectionnisme. En avril, le fameux « Liberation Day » avait déclenché une vague d’annonces tarifaires agressives, qui ont brièvement fait monter le risque de récession. Les marchés financiers ont réagi avec nervosité, avant que la Maison Blanche ne procède à des ajustements successifs. Résultat : un tarif douanier moyen qui s’établirait désormais légèrement au-dessus de 15 %, contre 2,5 % en janvier.
Certains partenaires, comme la Suisse, l’Inde ou le Brésil, sont plus durement touchés. Avec la Chine, une trêve commerciale est prolongée jusqu’en novembre. Quant à l’Europe et au Japon, ils ont trouvé des accords non contraignants juridiquement, mais qui stabilisent un peu les perspectives des entreprises. Cette valse hésitation alimente l’incertitude. Les entreprises repoussent leurs investissements. Les chaînes de production s’adaptent lentement, mais cela ne pourra durer indéfiniment.
Juridiquement, la moitié des mesures tarifaires actuelles pourraient être invalidées. Deux décisions de justice les jugent illégales. Un verdict définitif de la Cour Suprême est attendu. Même en cas de rejet, l’administration Trump prévoit d’autres moyens juridiques pour parvenir à ses fins. Ce climat instable agit comme un frein : il dissuade les prises de risque économiques et freine la dynamique globale.
Fiscalité : un cadeau risqué
Le président Trump a fait voter un nouveau plan fiscal : le « Big Beautiful Bill Act ». Celui-ci prolonge les baisses d’impôts votées en 2017 et en ajoute de nouvelles. À court terme, cela épargne aux ménages une hausse d’impôts attendue pour 2026. Mais cela se fait au prix d’un creusement du déficit budgétaire, déjà supérieur à 6 % du PIB.
Ce choix politique inquiète les marchés obligataires. Les taux longs sont en tension, reflet d’une prime de risque en hausse. Cela pèse sur le coût du crédit immobilier, accentuant le ralentissement du secteur de la construction résidentielle. Pour les investisseurs, ce déséquilibre budgétaire à long terme constitue une menace : il pourrait entraîner une remontée structurelle des taux d’intérêt, fragilisant les valorisations boursières.
Une Fed sous pression politique
Autre point critique : l’indépendance de la Réserve fédérale. Trump multiplie les attaques contre Jerome Powell et cherche à placer des alliés fidèles au sein du Board. Il envisage même de révoquer des présidents de Réserve régionale, une tentative de prise de contrôle du comité de politique monétaire (FOMC).
Un tel scénario serait inédit. Si Trump parvient à infléchir la politique monétaire en sa faveur, cela pourrait accélérer la baisse des taux. Mais il y a un risque plus grand : celui d’une monétisation de la dette. Une telle orientation provoquerait une hausse des anticipations d’inflation et une pression durable sur le dollar. Pour les investisseurs internationaux, cette perspective pourrait modifier la perception du risque américain et provoquer des réallocations massives de capitaux.
L’économie américaine : des signes d’essoufflement
Jusqu’à présent, l’économie américaine a montré une résilience certaine. Mais les signes de fragilité s’accumulent. Le marché de l’emploi donne des signaux inquiétants. Les créations de postes ralentissent, les indicateurs avancés faiblissent. De nombreux analystes estiment que l’économie approche d’un point de rupture.
L’inflation reste élevée, ce qui limite la progression des salaires réels. Les ménages commencent à modérer leurs dépenses, pourtant cœur de la croissance américaine. Si l’emploi venait à se dégrader plus fortement, la consommation chuterait rapidement. La Fed semble avoir pris conscience du risque et prépare une nouvelle baisse de taux après neuf mois de pause. Mais son double mandat – stabilité des prix et emploi – rend l’équation délicate. Elle ne pourra pas aller aussi vite que le souhaiterait la Maison Blanche.
Effets domino à l’échelle mondiale
Les choix économiques des États-Unis résonnent bien au-delà de leurs frontières. Au premier trimestre, la demande américaine pour les produits étrangers a bondi, en partie pour constituer des stocks avant l’application des tarifs. Cette demande s’est ensuite effondrée au deuxième trimestre. Les pays exportateurs, notamment en Asie, sont impactés. Ceux qui servaient de zones de transit pour contourner les droits de douane de 2018 sont désormais eux-mêmes menacés.
La Chine, dont la croissance dépend toujours largement des exportations, doit réorienter ses débouchés. Mais la demande domestique reste faible, limitant sa marge de manœuvre. En conséquence, Pékin cherche à renforcer ses liens commerciaux hors des États-Unis, notamment avec les pays émergents et l’Europe.
L’Europe entre deux feux
Le Vieux Continent subit une double pression. D’une part, ses exportations vers les États-Unis sont moins compétitives à cause des nouveaux droits de douane. D’autre part, la concurrence chinoise s’intensifie sur son propre marché. En avril, l’UE avait rechigné à accepter un tarif de 10 %. En août, elle a dû se résoudre à un taux de 15 %, Trump ayant brandi la menace d’un triplement.
L’Allemagne, moteur industriel de la zone euro, est particulièrement vulnérable, notamment sur les secteurs automobiles. Le gouvernement allemand tente de relancer l’économie par l’investissement. Mais à ce jour, ce plan de relance peine à se concrétiser. Le climat des affaires s’améliore, mais la reprise reste timide. Deux leviers pourraient permettre un rebond : une relance budgétaire plus vigoureuse et une baisse du taux d’épargne des ménages. Or, aucun de ces éléments ne semble se matérialiser dans l’immédiat.
La France en panne de dynamique
Dans ce contexte, la France apparaît en retrait. La situation politique et sociale continue de paralyser les réformes. Deux gouvernements sont tombés en moins d’un an. L’instabilité fiscale et les incertitudes sur les hausses d’impôts pèsent sur la confiance. Les ménages comme les entreprises freinent leurs projets d’investissement.
Les marchés exigent désormais une prime de risque plus élevée pour la dette française, ce qui est cohérent avec l’incertitude ambiante. La pression budgétaire est forte, et la trajectoire des finances publiques reste fragile. Faute d’une vision claire, la France reste spectatrice d’une recomposition économique mondiale dont elle subit déjà les effets.
Conclusion : vers un tournant décisif ?
Pour l’heure, l’économie mondiale résiste. Mais les fissures apparaissent. La stratégie de Donald Trump, en privilégiant l’unilatéralisme, l’endettement et l’instabilité institutionnelle, pourrait produire des effets retardés mais profonds. Les investisseurs doivent garder à l’esprit que les cycles économiques ne se brisent pas toujours brutalement, mais qu’ils s’essoufflent progressivement.
Les politiques monétaires et budgétaires atteignent leurs limites. L’environnement économique devient plus incertain, plus risqué. C’est dans ce contexte qu’il faut repenser ses choix patrimoniaux, diversifier ses actifs et intégrer dans ses anticipations les nouvelles dynamiques mondiales.
Anticiper devient aujourd’hui une exigence.
Communication non contractuelle
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