Trump 2.0 : incertitudes et impacts économiques

Depuis sa réélection, Donald Trump a fait de la disruption sa méthode de gouvernance. Cent jours après son investiture, les premiers bilans montrent un mélange de résultats concrets et de fortes turbulences.

Du côté des chiffres, la Maison-Blanche se félicite de 18 milliards de dollars de recettes douanières mensuelles, 165 milliards d’économies dans l’administration, et une chute notable des flux migratoires. Mais cette approche agressive n’est pas sans conséquences : la volatilité a fait un retour fracassant sur les marchés.

Trump 2.0 : incertitudes et impacts économiques

Trump secoue les marchés

 

Le retour du risque politique

La politique commerciale erratique de l’administration Trump fragilise la confiance des investisseurs. Les marchés actions américains en paient le prix. Les valeurs technologiques, très dépendantes des échanges avec la Chine, ont particulièrement souffert. À l’inverse, l’Europe a mieux résisté. Le DAX allemand affiche même une hausse de près de 10 %.

L’or ressort comme le grand gagnant. En période d’incertitude, il confirme son statut de valeur refuge avec une envolée de 20 % en 100 jours.

Mais l’économie réelle commence à ressentir les effets de cette politique : la confiance des ménages américains recule, et la popularité du président suit la même tendance. La Fed, quant à elle, est prise au piège entre la crainte d’une récession et le spectre de l’inflation. Le dilemme est posé : baisser les taux pour soutenir l’économie ou maintenir le cap pour contenir les prix.

Le « Trump Put », nouveau joker présidentiel ?

Le 2 avril 2025, jour de la promulgation des dernières mesures protectionnistes – surnommé « Liberation Day » – a marqué un tournant. La chute des marchés qui a suivi n’a pas duré. Pourquoi ? Parce que Trump laisse entrevoir des compromis possibles et maintient une pression constante sur la Fed sans franchir la ligne rouge.

Ce soutien implicite au marché, souvent qualifié de « Trump Put », agit comme un filet de sécurité. Il redonne confiance à certains investisseurs. Et les signaux macroéconomiques, pour le moment, restent encourageants : les « hard data » aux États-Unis comme en Europe ne montrent pas de décrochage.

Les entreprises aussi tiennent bon. Les résultats du premier trimestre 2025 sont globalement positifs. Les dirigeants d’entreprise restent confiants. Et les anticipations de bénéfices ont déjà été ajustées.

 

Mais attention au marché du crédit

Sur le segment obligataire, la situation reste tendue. Le choc protectionniste n’est pas encore totalement intégré. Les spreads de crédit ne se sont resserrés que très marginalement, en particulier sur le segment du High Yield, plus sensible au contexte économique.

L’Amérique peut-elle perdre son statut d’exception ?

À long terme, les vraies questions émergent. Le protectionnisme de Trump fragilise les fondements de l’exceptionnalisme américain. Quatre piliers sont en jeu :

  1. Le dollar comme monnaie de réserve mondiale.
  2. Les bons du Trésor comme valeur refuge.
  3. Le déficit courant qui force le reste du monde à acheter des actifs US.
  4. La garantie sécuritaire américaine à l’échelle globale.

Ces piliers sont mis à mal. La Chine avance vite en intelligence artificielle. L’Europe lance des programmes massifs de défense. Et le monde regarde ailleurs.

Cependant, les États-Unis conservent des atouts majeurs. Le dollar reste sans rival crédible. Ni l’euro ni le renminbi ne peuvent s’y substituer à court terme. Les cryptomonnaies, quant à elles, sont trop instables.

Et surtout, la profondeur des marchés américains est sans égal. La capitalisation boursière américaine dépasse 50 000 milliards de dollars. L’Europe est dix fois plus petite. Il en va de même pour le marché obligataire. Enfin, les gains de productivité aux États-Unis, soutenus par l’intelligence artificielle, renforcent leur avance.

Quelles stratégies adopter à court terme ?

 

1. Actions : prudence tactique

Malgré des résultats trimestriels solides (+3 % en Europe, +11 % aux US), les valorisations sont élevées (21x aux US, 14x en Europe). Une pause s’impose.

Hypothèses de positionnement :

  • Sous-pondération des actions américaines.

  • Privilégier l’Europe et les émergents.

  • Focus sur les entreprises européennes à ancrage domestique et à haut rendement.

  • Maintien de l’exposition aux thèmes structurels : IA, défense européenne.

 

2. Obligations : gestion active de la duration

Le contexte inflationniste limite le potentiel de baisse des taux aux États-Unis.

Hypothèses de positionnement :

  • Réduction de la duration sur la dette US.

  • Légère surpondération des dettes souveraines core zone euro.

  • Préférence pour les segments Investment Grade et High Yield courte duration.

 

3. Devises et matières premières : diversification utile

Hypothèses de positionnement :

  • Favoriser l’euro face au dollar.

  • Diversification en devises émergentes.

  • Maintien des positions sur le pétrole et l’or.

 

Conclusion : vigilance, mais pas immobilisme

Il reste 1 300 jours avant la prochaine élection présidentielle. Et déjà, Trump 2.0 a redessiné le paysage économique mondial. Les marchés sont volatils, les décisions politiques imprévisibles. Mais des opportunités existent pour ceux qui savent naviguer entre les lignes.

Dans ce contexte, patience et sélectivité sont les meilleurs alliés de l’investisseur. Car même si la fortune sourit aux audacieux, sur les marchés, mieux vaut parfois savoir attendre… la fumée blanche.


Disclaimer :

Les informations contenues dans cet article sont fournies à titre informatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement personnalisée. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Centaure Investissements recommande de consulter un professionnel avant toute décision patrimoniale ou financière.

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